La septième croisade
Les premiers navires arrivent en vue de Damiette le 4 juin.Arrivée de la flotte croisée à Damiette La campagne en Égypte. Les huit mois d’hivernage à Chypre avaient permis au sultan Malik al-Salih Ayyoub de se préparer à l’invasion, mais il se trouve au mois de mai à Damas, ne sachant pas si le débarquement doit se faire en Égypte ou en Syrie. Gravement malade, il rentre en Égypte et confie l’armée à l’émir Fakhr al-Dîn Ibn al-Sheikh qu’il envoie à Damiette pour s’opposer au débarquement. Le 5 juin 1249, les croisés débarquent sous les charges successives des soldats musulmans, et réussissent à mettre le pied sur le rivage, puis à repousser l’armée ayyoubide. Plusieurs émirs sont tués et Fakhr al-Din décide d’abandonner la plage. Il se replie sur Damiette, mais n’ose pas y rester et se réfugie à Ashmûn-Tannâh, plus au sud. Pris de panique, les habitants de Damiette évacuent leur ville pour fuir dans le delta du Nil. Avec prudence car ils craignent un piège, le 6 juin, les croisés peuvent entrer dans Damiette, et s’en emparer. L’armée se met alors à attendre l’arrivée du reste de la flotte, dispersée par la tempête. Lorsqu’elle est enfin réunie, il est trop tard pour marcher sur Mansourah et le Caire. En effet, la crue du Nil a commencé et les croisés doivent attendre qu'elle se termine en octobre 1249. Ce délai laisse le temps aux Égyptiens de se ressaisir en pratiquant une guérilla contre les Francs. Alphonse de France, comte de Poitiers et frère du roi arrive le 24 octobre 1249, en même temps que la décrue du Nil. L’armée prend le chemin du Caire le 20 novembre 1249. L’émir Fakhr al-Dîn organise de nombreuses escarmouches pour harceler les croisés. Le 7 décembre 1249, six cents cavaliers musulmans attaquent les Francs entre Fâriskûr et Sharimsâh. Ils sont repoussés, mais malgré l’interdiction de Louis IX de se lancer à la poursuite des soldats qui battent en retraite, les Templiers voulant venger l’un des leurs le font et tuent la moitié des assaillants. Le 21 décembre, l’armée arrive à proximité de Mansura et installe un camp, régulièrement attaqué par les musulmans. Pour attaquer la ville, il faut franchir un bras du Nil, le Bahr al-Saghîr, mais Fakhr al-Dîn tient fermement l’autre rive. Ayant appris d’un déserteur Bédouin l’existence d’un gué à Salamûn, quelques kilomètres en aval, Louis IX et son armée traversent le Bahr al-Saghîr le 8 février 1250.
Le comte d’Artois est l’un des premiers à mettre le pied sur l’autre rive et, malgré les conseils de prudence des Templiers, se met à charger le camp musulman, suivi par les Templiers qui ne peuvent l’abandonner. Le camp est investit, Fakhr al-Dîn tué et l’armée en déroute. Mais, au lieu de faire acte de sagesse et d’attendre l’arrivée du reste de l’armée royale, Robert d’Artois se met en tête d’investir Mansura. Il s’engage dans la ville et se rue vers la forteresse, toujours suivi des Templiers qui avaient tenté de le raisonner ; malheureusement pour eux, les musulmans s’étaient regroupés autour d’un chef mamelouk, un certain Baybars, qui organise la contre attaque. Toute l’avant-garde est massacrée ce jour là.
Les Mamelouks, ayant défait l’avant-garde, chargent maintenant l’armée croisée qui achève la traversée du gué. Le régiment d’arbalétriers, seul capable de s’opposer aux archers, et l’infanterie n’ont pas encore traversé la rivière qui est malgré tout profonde pour ses soldats à pied. Pour éviter l’anéantissement de sa cavalerie, Louis IX lui ordonne de charger les Mamelouks. Il reprend pour peu de temps l’avantage, mais subit de nouveau les assauts musulmans. Heureusement, ce délai permet aux arbalétriers de jeter un pont de fortune, de franchir le gué, et de repousser la cavalerie mamelouk. Louis IX fait doubler le pont, et l’infanterie traverse à son tour le Bahr al-Saghîr. Le 11 février, l’armée musulmane attaque de nouveau l’armée franque et est repoussée après une bataille très rude. Mais le vent tourne pour les croisés. L'accumulation des morts entraîne des épidémies, et le nouveau sultan, Tûrân Châh, qui se trouvait en Mésopotamie à la mort de son père, arrive à Mansura le 28 février et organise la défense. Il fait venir des bateaux qui repoussent la flotte croisée sur le Nil. En plus des épidémies, c'est la disette qui frappe l'armée croisée, et Louis IX se résout à battre en retraite le 5 avril. L’avant-garde de l’armée arrive à Fâriskûr, son arrière garde est à Shâramsâh avec le roi, lequel est gravement malade et doit se réfugier dans une maison de la bourgade, défendue par Gaucher de Châtillon, lequel trouvera la mort à Munyat Abu Abdallah le 6 avril 1251. Les barons syriens, avec Philippe de Montfort à leur tête, décident de parlementer avec les chefs musulmans pour négocier l’échange de Damiette contre la vie sauve des soldats croisés, mais un sergent du nom de Marcel, circonvenu par des émirs, trahit : il se présente auprès des barons syriens comme un envoyé de Louis IX et les incite à se rendre au nom du roi (6 avril 1250). Embarrassé par le nombre de prisonniers, les musulmans massacrent les blessés, mais un accord est conclu entre Tûrân Shah et Louis IX, échangeant la vie sauve et la liberté de l’armée croisée contre Damiette et une rançon de 500 000 livres tournois.
Libéré, Louis IX quitte l’Égypte le 8 mai.